Il est 17h15. Tu viens de proposer une idée simple, concrète, pour améliorer un process ou résoudre un irritant du quotidien.
Réaction : silence.
Puis soupirs.
Puis cette phrase culte :
“C’est très intéressant… mais il faut voir comment on peut le cadrer.”
Bienvenue dans le monde feutré des collaborateurs qui jouent la montre.
Ni hostiles, ni franchement moteurs. Ils attendent.
Quoi ? La retraite ? La réorg ? Le départ du N+2 ? Personne ne sait vraiment.
Mais en attendant, ils sont là. Et il va falloir faire avec.
Et peut-être… les remobiliser ?
Ils ne résistent pas, ils temporisent.
Ce ne sont pas des saboteurs. Ce sont des tempos-réactifs.
Ils ne disent pas non. Ils ralentissent. Ils demandent du cadrage. De la concertation. Un groupe de travail. Un benchmark.
Et quand l’action arrive, ils sont soudain… indisponibles.
Le pire ?
Ils sont souvent très compétents.
Mais ils ont appris une chose : dans les organisations complexes, l’attentisme protège mieux que l’initiative.
Motiver n’est pas animer.
On confond souvent motiver avec mettre de l’ambiance.
Sauf que les collaborateurs qui jouent la montre ne veulent pas d’un baby-foot ou d’un serious game.
Ils veulent qu’on leur épargne le bullshit.
Ce qu’ils attendent :
Du sens : “Pourquoi on fait ça ?”
De la clarté : “Qu’est-ce qu’on attend vraiment de moi ?”
De la reconnaissance adulte : “Je sais que tu n’as pas envie, mais on a besoin de toi.”
Le bon levier : remettre l’avenir au cœur du présent
Jouer la montre, c’est une stratégie de retrait.
Pour casser ça, il faut reconnecter les gens à leur propre horizon.
Questions puissantes :
“Dans deux ans, tu veux être où ? Et qu’est-ce que tu construis aujourd’hui pour ça ?”
“Qu’est-ce qui ferait que tu sois fier de ton job en fin de semaine ?”
Et surtout : accepter que certains ne répondront jamais.
Mais ne pas laisser les autres s’éteindre à leur contact.
Conclusion : ils ne sont pas démotivés, ils sont en observation.
Beaucoup de collaborateurs qui “jouent la montre” ne sont pas perdus.
Ils attendent de voir si le management est crédible.
Leur donner des injonctions molles ne sert à rien.
Leur offrir du sens, du cadre, et une vision honnête, ça peut les réveiller.
Sinon ?
Laisse-les tranquilles, mais protège les autres de leur lente dérive.
Car l’attentisme est une contagion silencieuse.
