Faut-il internaliser ou externaliser les compétences ? Oui. Non. Ça dépend. Bref, personne ne sait.

Chaque année, la même question revient dans les COMEX, les CODIR et les open spaces en faux bois :

“Faut-il internaliser cette compétence ou l’externaliser ?”

Et chaque année, la réponse est la même :

“Ça dépend.”

Autrement dit : personne n’en sait rien, mais tout le monde va faire semblant de décider rationnellement.


Internaliser : pour mieux contrôler ce qu’on ne comprend pas

L’internalisation, c’est beau. C’est noble. C’est stratégique.

C’est surtout très rassurant de voir les gens bosser juste là, derrière la cloison vitrée.

On peut leur parler, les surveiller, leur demander un PowerPoint en urgence un vendredi à 17h35.


Mais attention : internaliser veut aussi dire payer des salaires, former, fidéliser… ou faire semblant.


Et parfois, ça donne :

“On a internalisé la cybersécurité, mais on n’a plus de DSI. Il est parti dans une startup qui fait des NFT pour poules élevées en batterie.”


Externaliser : pour gagner en agilité (et en scapegoatabilité)

Externaliser, c’est moderne. C’est smart. Ça permet de :


  • Réduire les coûts (du moins sur Excel)
  • Se plaindre des prestataires (grande tradition française)
  • Blâmer “l’externe” quand le projet déraille



“C’est pas nous, c’est le cabinet conseil. Ils n’ont pas compris notre culture d’entreprise.”

(Culture que personne n’a vraiment comprise non plus, mais soit.)


Externaliser, c’est aussi faire appel à une compétence que l’on n’a pas… sans trop savoir comment la briefer.

Et finir par faire du micro-management… de consultants.


Le vrai problème : on ne parle jamais de compétences. On parle de budget.

Quand une direction dit :

“On va externaliser la fonction communication.”

Elle veut dire :

“On n’a pas le budget pour recruter quelqu’un à 45k, mais on va signer pour 90k de prestations à l’année. Tranquille.”


Inversement, internaliser veut souvent dire :

“On a un budget CPF à écouler et un formateur sous la main.”


Et si on parlait de sens au lieu de statut ?

Et si la vraie question était :


  • Quelles compétences devons-nous maîtriser pour être bons dans 3 ans ?
  • Quelles compétences doivent circuler dans l’organisation ?
  • Quelles compétences peuvent vivre à l’extérieur, tant qu’on les comprend de l’intérieur ?



Mais ça, c’est compliqué. Ça demande de penser, d’anticiper, de dialoguer.

Alors à la place, on fait un benchmark, une matrice SWOT, et un audit.


Conclusion : L’important, c’est de décider sans assumer.

Externaliser, c’est pouvoir dire “ce n’est pas nous”.

Internaliser, c’est pouvoir dire “on gère”.


Mais dans les deux cas, le plus important, ce n’est pas la compétence.

C’est la présentation PowerPoint qui justifie la décision.