Ah, le brainsucker. Ce charmant spécimen des organisations modernes. On le reconnaît à son sourire affable, son badge toujours visible (car il passe sa vie à errer d’étage en étage), et surtout à cette capacité rare : il ne travaille jamais vraiment, mais il vous empêche, vous, de le faire.
Le brainsucker n’est pas un voleur de temps. Non, c’est un voleur de bande passante mentale. Il ne vient pas juste vous demander un fichier. Il vient vous extraire un raisonnement complet, une idée bien mûrie ou un plan d’action que vous avez mis deux semaines à structurer. Et il le fait avec un naturel déconcertant.
Mode opératoire du brainsucker
- Approche douce : “Tu as 5 minutes ?” (traduction : “Tu as 45 minutes que je vais t’extorquer sans scrupule”).
- Aspiration de matière grise : “Mais toi qui t’y connais, tu ferais quoi à ma place ?”… Et hop, tout votre savoir, votre recul, votre stratégie, aspirés façon Dyson RH.
- Réappropriation brillante : Deux jours plus tard, il présente VOTRE idée en réunion, avec une légère touche PowerPoint. Il ose même conclure : “C’est en discutant avec quelques collègues que j’ai eu cette vision.”
Portrait-robot
- Il ne produit pas. Il intercepte.
- Il n’a pas d’idées. Il collecte les vôtres.
- Il n’a pas besoin de post-it, il externalise la pensée de tout le monde autour de lui.
Comment s’en protéger ?
- Ne jamais répondre du tac au tac : “Tu veux qu’on en parle ? On cale un point dans 10 jours à 18h45.”
- Répondre en questions : “Et toi, tu ferais quoi ?” (le brainsucker déteste réfléchir sans assistance).
- Le confondre dans une spirale de digressions inutiles (ça, c’est sa propre arme).
Le brainsucker est une figure méconnue mais puissante. Il ne cherche pas à dominer l’entreprise, juste à vivre aux crochets cognitifs des autres. Et dans les open spaces modernes, c’est une stratégie étrangement efficace.
Méfiez-vous. Il est peut-être déjà derrière vous… avec un sourire poli… et un carnet Moleskine prêt à recueillir vos pensées.
