La confiance, cette grande absente des open spaces, qu’on évoque dans les séminaires comme on parlerait d’une licorne en gilet beige : magique, rare, et visiblement réservée à d’autres départements.
Dans les discours des dirigeants, c’est un pilier. Dans les pratiques, c’est une option.
On vous dit : « Ici, on fait confiance à nos collaborateurs ! »
Comprenez : « On leur donne des responsabilités, mais pas le droit à l’erreur. »
Parce que oui, la vraie confiance, c’est accepter qu’un projet plante sans immédiatement ouvrir Excel pour tracer les responsabilités jusqu’à l’employé stagiaire en CDD qui était là ce jour-là.
Les managers font confiance… à condition d’être en copie
Le mail en copie conforme, ce monument de la confiance. Ce geste élégant qui dit : « Je te laisse gérer, mais je garde un œil sur toi, au cas où tu tentes de développer ton autonomie sans autorisation écrite. »
Et le summum, c’est le fameux « Je te laisse faire » suivi immédiatement de « Mais pense à me faire valider avant d’envoyer quoi que ce soit. »
La confiance, version 4.0
Avec la généralisation du télétravail, la confiance a pris une nouvelle forme :
« Nous avons confiance… tant que tu es connecté sur Teams entre 8h59 et 18h02, caméra allumée, statut vert, et que tu réponds dans les 37 secondes à chaque message. »
Une vraie confiance dématérialisée, où l’on évalue la performance au nombre de mouvements de souris.
Le Graal des DRH
Dans les chartes RH : « Chez nous, la confiance est au cœur de notre culture. »
Traduction : « On a mis un baby-foot et des fauteuils design, mais pas de budget formation ni d’écoute réelle. »
Et pour renforcer tout ça, on crée une nouvelle fonction : Chief Trust Officer, chargé de faire des PowerPoint sur la confiance… pendant que le reste de l’entreprise déploie des logiciels de contrôle du temps de travail.
Conclusion :
La confiance en entreprise, c’est comme les plantes vertes dans l’open space : on en parle beaucoup, on les place dans les coins pour faire joli, mais sans entretien… ça meurt.
