Pourquoi faire aujourd’hui ce qu’on peut enterrer demain

Les projets de croissance ? Non.

Pas cette fois. Pas comme ça. Pas maintenant.


Le CODIR vient de trancher : encore un no go.

Le cinquième cette année.

C’est une forme de sport d’équipe à ce niveau-là.


On appelle ça un “moment de lucidité stratégique”.

En réalité, c’est un art ancestral :

celui de reporter toute décision engageante jusqu’à extinction naturelle du projet.


Le brief était clair :

innover, croître, se transformer.

Mais pas trop vite.

Et surtout pas avec un risque. Ou un budget. Ou un sponsor.


Chaque réunion de validation ressemble à un théâtre d’ombres :


  • le Directeur Commercial y croit “mais pas en l’état”,
  • la DRH pense qu’il manque “une brique managériale”,
  • le DAF demande “une étude sur l’étude”,
  • et le DG conclut que “ça mérite un approfondissement”.



Et voilà comment un projet ambitieux devient une “note d’intention”,

puis un “document de cadrage”,

puis un “PowerPoint dormant dans SharePoint”.


C’est là qu’on touche au génie managérial français :

faire semblant d’avancer tout en restant immobile.


Certains diront : “c’est un manque de vision”.

D’autres penseront “c’est de la prudence stratégique”.

La vérité ? C’est souvent une terreur du vide,

un vertige devant l’inconnu,

un attachement affectif à l’existant,

et un plaisir coupable à disséquer l’élan plutôt que de le suivre.


Mais rassurez-vous, le CODIR garde le cap.

Sur quoi ?

Sur la réunion suivante, bien sûr.