Qualiopi : la certification qui rassure… ou qui endort ?

Depuis le 1er janvier 2022, la certification Qualiopi est devenue obligatoire pour tous les organismes de formation souhaitant bénéficier de fonds publics ou mutualisés. Présentée comme un gage de qualité, elle était censée professionnaliser le secteur, renforcer la transparence et protéger les bénéficiaires.

Mais derrière la vitrine, les failles du système apparaissent de plus en plus nettement.



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Une logique de conformité, pas de qualité réelle



Qualiopi ne mesure pas la qualité des contenus pédagogiques ni la compétence réelle des formateurs.

Elle vérifie que des processus sont en place : avez-vous bien prévu d’évaluer la satisfaction ? Avez-vous une procédure de gestion des réclamations ? Disposez-vous d’un plan d’amélioration continue ?


Résultat : des organismes médiocres peuvent être certifiés, à condition de savoir remplir les bonnes cases. Le fond importe peu : c’est la forme qui prime.


On valide l’existence d’un process, pas son efficacité.



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Un système bureaucratique lourd et coûteux



La certification impose un niveau de documentation et de formalisation souvent disproportionné, en particulier pour les petites structures ou les indépendants.

On se retrouve avec des centaines de pages de procédures, d’indicateurs, de grilles de suivi… pour des formations parfois très courtes ou très ciblées.


Le paradoxe ? Des formateurs passionnés et compétents quittent le secteur… pendant que certains « vendeurs de process » prospèrent.



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Un marché de la certification lucratif et opaque



Les certificateurs privés sont rémunérés pour auditer… et parfois pour conseiller. Une proximité trouble peut s’installer.

Certains auditeurs se montrent très pointilleux, d’autres laxistes. L’interprétation des critères varie. Les pratiques sont inégales, voire incohérentes. Et la logique commerciale n’est jamais bien loin.


Certains parlent même d’un “business Qualiopi”, où des cabinets se spécialisent dans la préparation à l’audit plus que dans la montée en compétence des formateurs.



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Des audits périodiques… qui ne vérifient pas grand-chose



Un audit initial, puis un audit de surveillance, puis un renouvellement. Tout semble sérieux.

Mais dans les faits, les audits sont souvent planifiés, préparés, et très formels.

Le cœur de l’activité pédagogique – ce qui se passe réellement dans la salle ou à distance – échappe presque totalement à l’évaluation.


On audite le système documentaire, pas la qualité pédagogique vécue par les apprenants.



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Une perte de sens pour les acteurs de terrain



De nombreux formateurs, responsables pédagogiques ou directeurs d’organisme témoignent d’un épuisement administratif, d’une perte de sens, voire d’une défiance croissante vis-à-vis d’un système qui ne reconnaît ni leur expertise, ni leur impact réel.


La certification devient un passage obligé, déconnecté des enjeux réels de transmission, d’apprentissage, d’insertion ou de reconversion.





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Et maintenant ? Vers un “Qualiopi 2.0” ?



Le système Qualiopi, dans sa forme actuelle, souffre de trois dérives majeures :


  1. La conformité prime sur l’efficacité réelle ;
  2. La lourdeur administrative freine l’innovation ;
  3. Le contrôle devient une formalité, et non une garantie de qualité.



Il est peut-être temps d’évaluer ce que Qualiopi a réellement apporté depuis son déploiement :


  • A-t-on amélioré l’insertion professionnelle des apprenants ?
  • A-t-on renforcé la qualité pédagogique des formations ?
  • A-t-on aidé les organismes à innover ?



Ou a-t-on simplement déplacé les efforts… vers la production de preuves plutôt que vers la transformation pédagogique ?




Former mieux, pas juste prouver qu’on forme.

C’est peut-être là, la vraie réforme à venir.


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