La formation professionnelle est censée être un levier d’inclusion, un outil d’émancipation, un tremplin vers l’emploi.
Mais dans les faits, pour de nombreuses personnes en situation de handicap, elle reste un territoire inaccessible, ou pire : inexistant.
Le paradoxe est cruel : plus on parle d’accessibilité, plus l’inclusion réelle reste marginale.
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Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Selon les données publiques, les personnes en situation de handicap représentent moins de 3 % des stagiaires de la formation professionnelle, alors qu’elles constituent plus de 7 % de la population active.
Et parmi celles qui accèdent à une formation :
- Beaucoup sont orientées vers des parcours courts, peu qualifiants
- Rares sont celles qui bénéficient d’un accompagnement individualisé ou d’une vraie ingénierie pédagogique adaptée
- L’accès au numérique, aux locaux, aux ressources, reste un frein majeur
On parle beaucoup d’égalité des chances.
Mais quand on est invisible dans les dispositifs, on ne peut même pas tenter sa chance.
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Des obstacles multiples, souvent évitables
Le handicap ne devrait pas être un obstacle à la formation.
Et pourtant, les barrières sont nombreuses :
- Accessibilité physique des centres encore insuffisante
- Plateformes numériques non compatibles avec les lecteurs d’écran
- Formateurs non sensibilisés ou mal à l’aise avec la notion de compensation
- Financements inadaptés ou complexes à mobiliser
- Précarité sociale qui rend la formation secondaire face aux urgences de la vie
Et surtout : une culture de la normalité dans les organismes, les institutions, les entreprises.
Comme si le handicap ne faisait pas partie du paysage de la formation.
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Réparer l’oubli : quelles pistes ?
✅ Former les formateurs à la pédagogie inclusive, pas à la marge mais comme compétence de base.
✅ Associer les personnes concernées à la conception des parcours : qui mieux qu’elles pour dire ce qui freine, ce qui fonctionne, ce qui manque ?
✅ Créer des ingénieries spécifiques, avec des référents handicap formés et dotés de vrais moyens.
✅ Adapter les certifications : rendre les épreuves accessibles, variées, équitables.
✅ Valoriser les réussites, les parcours atypiques, les bifurcations réussies.
Il ne suffit pas de cocher une case “accessibilité” dans Qualiopi.
Il faut créer une culture de l’équité réelle, où chacun peut apprendre, évoluer, réussir… quel que soit son corps, ses troubles ou ses limites.
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Conclusion : former, c’est inclure ou exclure
Dans un monde où l’on parle d’IA, de métavers, de reconversion massive… des milliers de personnes en situation de handicap n’ont toujours pas accès à une formation de base adaptée.
Les exclure de la formation, c’est les condamner à la dépendance, à la précarité, à l’oubli.
Les inclure, c’est au contraire :
- Affirmer une vision sociale exigeante,
- Repenser la pédagogie en profondeur,
- Et faire de la formation un outil vraiment universel.
Parce qu’une société qui forme sans inclure… reproduit ce qu’elle prétend corriger.
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