Chaque année, des millions d’euros sont investis dans la formation professionnelle. Plans de développement des compétences, CPF, obligations conventionnelles, appels d’offres OPCO… Tout semble réglé comme du papier à musique. Et pourtant, un paradoxe demeure : rarement la formation a été aussi présente dans les discours… et aussi absente dans les transformations concrètes.
Pourquoi ? Parce que trop souvent, on forme pour cocher des cases.
🎯 Le syndrome du « plan à remplir »
Dans de nombreuses entreprises, la formation est encore pensée comme une obligation administrative. Il faut “faire du CPF”, “consommer le budget OPCO”, “satisfaire au bilan social”, “former pour être en règle”. Bref, on pilote la formation par les chiffres et non par les besoins.
Le résultat est connu : des formations génériques, mal ciblées, peu intégrées au quotidien des collaborateurs, parfois animées par des formateurs qui eux-mêmes n’y croient plus vraiment.
« On m’a envoyé en formation, mais je ne sais pas pourquoi », m’a récemment confié un manager. Il n’est pas un cas isolé.
🚨 La formation déconnectée du terrain
Le vrai enjeu n’est pas de former plus, mais de former mieux. Et surtout, de lier la formation à une intention claire : un changement de posture, une montée en compétence, une adaptation stratégique.
Or, dans trop de cas, il n’y a aucune articulation entre le plan de formation et les priorités de l’entreprise. Les RH font un travail de fourmi pour tout structurer, mais les managers n’en font pas une priorité, et les directions générales ne s’impliquent que de loin.
Résultat ? Des formations qui ne laissent aucune trace dans les pratiques.
🧩 Ce que devrait être une vraie politique de formation
- Partir des irritants métier : Qu’est-ce qui coince au quotidien ? Sur quoi les équipes doutent-elles ou perdent-elles du temps ?
- Impliquer les managers dès la conception : Pas pour valider les intitulés, mais pour intégrer la formation à leurs enjeux d’équipe.
- Travailler sur les postures, pas seulement les outils : On peut maîtriser Teams et Excel… sans savoir écouter ou convaincre.
- Mesurer l’impact réel, même de façon qualitative : Ce que les collaborateurs ont retenu, changé, osé faire après coup.
💡 Et si on changeait d’état d’esprit ?
Former ne devrait plus être un réflexe de conformité, mais un acte de transformation. Cela suppose une révolution silencieuse : remettre du sens, de la proximité, de l’agilité. Cela implique aussi d’accepter d’en faire moins… mais mieux.
Parce qu’au fond, une formation réussie, ce n’est pas un certificat. C’est une transformation invisible… mais durable.