Le mois d’août s’achève. Tu avais presque réussi à oublier ton mot de passe professionnel. Tu savais encore qui tu étais. Tu lisais des livres. Tu marchais pieds nus. Mais voilà : septembre approche, et le serveur Exchange aussi.
C’est l’heure de la grande réintégration : ton badge refonctionne, ton siège ergonomique t’a attendu, ton manager est bronzé mais déjà inquiet. Bienvenue dans la rentrée d’entreprise, ce moment étrange entre euphorie collective et résignation feutrée.
La boîte mail de la honte
Tu l’ouvres avec précaution. Elle t’accueille avec tendresse :
- 126 mails urgents (aucun ne l’est)
- 11 relances de gens que tu ne connais pas
- 3 invitations à des réunions sur des sujets que tu avais soigneusement évités avant de partir
Et ce message magique :
“Salut, j’espère que tu as passé de bonnes vacances. Dis, tu pourrais traiter ce dossier en priorité ?”
Le brief post-it de reprise
Tu retrouves des post-its laissés mi-juillet. Tu y lis des phrases comme :
“à finaliser en août”,
“penser à valider budget”,
“URGENT”
Tu ris doucement. Puis tu pleures.
Le séminaire de rentrée (a.k.a. punition collective)
C’est le grand rituel de la reprise : le séminaire de rentrée.
Le programme ? Ice-breakers gênants, brainstorming sur le “nouveau souffle stratégique”, présentation de la nouvelle charte visuelle, ateliers sur “l’intelligence émotionnelle en open space”.
Mais heureusement, il y aura un buffet. Et des tote bags.
Les collègues “super reboostés”
Ils ont marché en montagne. Ils ont fait un jeûne digital. Ils ont trié leurs fichiers.
Ils arrivent ultra-sereins, avec un regard intense et des phrases comme :
“Cette année, j’ai envie de sens.”
“Je vais repenser mes priorités.”
“Je me suis inscrit à une formation sur l’écoute active.”
Toi, tu as juste envie d’un café et de 72 heures de silence.
Le retour des projets qu’on avait promis de repousser
Tu pensais que certains projets allaient gentiment mourir pendant l’été ?
Erreur. Ils ont muté.
Et maintenant, ils sont “transversaux”, “structurants”, et “sponsorisés COMEX”.
Conclusion : fais semblant, mais pas trop bien
La rentrée, c’est comme un lundi géant. On s’y remet. On sourit. On ouvre des fichiers Excel en grimaçant.
Mais au fond, on sait : personne n’est vraiment prêt.
Alors souris à la machine à café, dis que tu es content de retrouver l’équipe, et surtout… ne montre jamais à quel point tu étais bien sans tout ça.
